C’est Yann Arthus Bertrand qui a récemment décrit l’humanité comme une civilisation de déchets. Et il faut dire que l’augmentation des déchets dans les rues, sur les plages et dans les océans pose un problème préoccupant. Un problème alimenté en grande partie par l’emballage des denrées alimentaires qui compte parmi les plus éphémères de tous. 

Face aux cris d’alarme toujours plus fréquents poussés par la communauté scientifique, les écologistes ou bien un nombre croissant de particuliers… Et si un autre monde était possible ? L’idée d’une vie sans contenants en plastique et avec des emballages réduits au minimum ne semble plus reléguée au domaine de la simple utopie. Une révolution verte à amorcer dès aujourd’hui, à condition de ne pas brûler les étapes !

 

Un monde sans emballages, un rêve impossible ?

Contenir, protéger, préserver, promouvoir… Voilà longtemps que l’emballage répond à une multitude de fonctions ! Et celui-ci est aujourd’hui inextricablement lié à nos modes de vie et à nos modes de consommation.

À l’heure où un nombre croissant de consommateurs estiment désormais que les emballages sous toutes leurs formes sont inutiles, la vérité est autre. Dans la réalité, il serait extrêmement difficile d’envisager un monde sans emballages.

À travers toutes les villes de tous les pays, la nourriture devrait alors être cultivée localement. Transformée au plus vite avant qu’elle ne se détériore. Les consommateurs seraient obligés de faire leurs courses en vrac pratiquement tous les jours. Sans emballage pour favoriser la conservation des aliments, le gaspillage alimentaire risquerait toutefois d’être revu à la hausse.

Une conséquence inenvisageable lorsque l’on sait qu’aujourd’hui déjà, le poids des déchets alimentaires évitables s’avère bien supérieur à celui des déchets d’emballage. Le gaspillage alimentaire n’atteint que les 3 % au Royaume-Uni par exemple, où la chaîne d’approvisionnement est gérée au mieux. Mais il atteint les 40 voire 50% dans d’autres pays comme l’Inde ou la Russie.

Notre sort est indissociable de celui de l’environnement. Arrêtons de nous croire au-dessus, ou au dehors.

Pierre Rabhi.

Les aliments abandonnés dans les décharges génèrent en pourrissant près de 15 fois plus de méthane que les déchets d’emballage.

 

Pierre Rabhi.
Pierre Rabhi.

 

En parallèle, la question du suremballage reste ouverte notamment lors des grands événements de l’année. Noël ou Pâques, avec leurs jolis coffrets cadeau et leurs packagings éphémères laissent planer la possibilité certaine d’un gaspillage accru. Un gaspillage indissociable de l’expérience du cadeau, sur lequel il est possible d’agir pourtant sans nuire au plaisir.

Difficile en somme d’envisager un monde dépourvu d’emballages. Cela reviendrait à devoir repenser le commerce dans son intégralité. Pour autant, les alternatives durables et l’économie circulaire progressent pour trouver cet équilibre délicat qui englobera sécurité sanitaire, respect de l’environnement et conservation de nos modes de vie humains.

Un équilibre qui nécessitera quelques ajustements bien sûr. Mais auquel il nous est possible de prendre part dès aujourd’hui !

 

Vers une réduction de la part d’emballages

Selon le principe d’économie circulaire, la diminution de la part des emballages pourra s’effectuer en suivant 4 grands axes principaux :

 

  • Réduire : Concentrer le contenu et rendre les matériaux d’emballage plus compacts. Cela s’observe déjà du côté des jus de fruits ou de certaines marques de lessive. La part de leurs emballages s’y s’est trouvée réduite de 40%.

 

  • Remplacer : Les matériaux jetables issus de ressources non renouvelables par des matériaux plus durables. Les résines à base de pétrole font régulièrement la part belle aux résines renouvelables à base de plantes.

 

Marc-Aurèle.
Marc-Aurèle.

 

Souvenez-vous toujours que très peu est nécessaire pour mener une vie heureuse.

Marc-Aurèle.

  • Réutiliser : En détournant l’emballage de sa fonction initiale. Ou en développant davantage le principe de recharge.

 

  • Recycler : Favoriser le recyclage en utilisant davantage de matières recyclables ou déjà recyclées.

 

Agir sur les matériaux

On estime que plus de 75 millions de tonnes de déchets d’emballage sont générées chaque année. Mais que seulement la moitié d’entre eux sont correctement recyclés. Ce qui signifie que ce sont près de 40 millions de tonnes qui prendront le chemin des décharges ou des incinérateurs. Avec des conséquences catastrophiques sur l’environnement.

C’est la raison pour laquelle un nombre croissant d’entreprises ont désormais recours à des matériaux plus respectueux tout au long du cycle de vie des emballages. On pense au carton ou au papier bien sûr, grands champions de l’écoemballage ! Mais l’on pense aussi au PET, ce type de plastique qui se recycle sans difficulté. Le verre et le métal également, recyclables à l’infini, bien que plus lourds !

Utiliser des matériaux recyclables et réutilisables permet de réduire la quantité de déchets d’emballage. Une importante partie pouvant être transformée et réutilisée efficacement à d’autres fins. Quelques marques plus innovantes ont déjà recours à des matériaux particuliers. Certains étant solubles dans l’eau par exemple !

 

Favoriser le minimalisme

Alors que les stratégies marketing sont en perpétuelle évolution, les emplacements alternatifs dédiés à la communication des messages sont en plein essor. En ligne de mire, des contenus supplémentaires, numériques généralement, accessibles via un QR code par exemple. Mais également des packagings minimalistes, dont la simplicité permettra un dialogue bien plus lisible.

Un emballage minimal permet non seulement de réduire l’utilisation des matériaux, mais aussi le coût du produit. Moins d’énergie nécessaire, moins de carburant pour le transport… Et des comptes optimisés !

Dans cette nouvelle forme de rébellion marketing, alors que les étagères sont saturées de référence, la simplicité se fait tout à coup bien plus perceptible. On mise sur un simple ruban autour d’un savon. Un emballage simple libéré d’une double couche de carton ondulé. Un pack de bouteilles glissé dans un packaging sur lequel aura été percée une fenêtre permettant de distinguer le contenu.

L’idéal étant à terme que le tout puisse être réutilisé, afin de ne pas produire de déchets.

 

Comment réutiliser les emballages ?

Emballages recyclables, biodégradables, réutilisables… Ce sont finalement les emballages réutilisables qui apparaissent désormais comme la solution la plus prometteuse en termes de remplacement des produits à usage unique !

Là où l’industrie mondiale des marchandises alimentaires a été l’une des premières à intégrer le réemploi des emballages sous forme d’emballages rechargeables par exemple,  que l’on retrouve aujourd’hui même dans la restauration rapide, bien d’autres secteurs s’y mettent désormais.

Aujourd’hui, les constructeurs automobiles optent régulièrement pour des emballages consignés, dans le cadre du transport des pièces lourdes et volumineuses. L’industrie aérospatiale fait régulièrement le choix d’emballages en plastique thermoformés, à réutiliser dans d’autres occasions.

Ce sont les tendances à venir qui détermineront quel sera le futur des emballages réutilisables. Leur association aux packagings intelligents personnalisés, très en vogue aujourd’hui, devrait permettre une formidable amélioration de l’expérience client. Et une nette augmentation des avantages commerciaux.

 

Comment réutiliser les emballages
Comment réutiliser les emballages

 

En parallèle des entreprises, ce sont aussi les consommateurs qui réutiliseront à loisir les emballages pouvant se prêter au jeu. Peut-être avez-vous déjà vu ces bidons d’essence que l’on retrouve aujourd’hui dans la décoration. Ces boîtes d’expédition réutilisées pour vos propres envois. Ces cartons transformés en jardinières. Ou bien, ces boîtes à café métalliques qui, une fois nettoyées, permettent d’accueillir fleurs et petites plantes en tout genre.

Ce ne sont pas les idées qui manquent, n’hésitez pas à faire preuve de créativité ! Inutile de chercher plus loin quel sera le boitage de votre prochain coffret cadeau.

 

Point Vert et éco-emballage

Apposé à travers l’Europe depuis 1992, dans le cadre de la responsabilité élargie du producteur, voilà près de 30 ans que le Point Vert prête à confusion ! Ce sont encore 60 % des consommateurs  qui l’assimilent à un emballage recyclable.

Or, le logo Point Vert signifie simplement que l’entreprise ayant mis en vente le produit sur lequel il figure participe financièrement à la collecte sélective, au tri et au recyclage des emballages. La cotisation est réglée désormais à Citéo, anciennement Eco-Emballages.

Plus de 50 000 entreprises participaient encore jusqu’à il y a peu au programme. Le Point Vert figure encore aujourd’hui sur 95 % des emballages commercialisés en France. Plus pour longtemps toutefois.

 

Point Vert et éco-emballage
Point Vert et éco-emballage

 

À l’heure de la loi sur l’économie circulaire du 10 février 2020, plus question de semer le trouble dans l’esprit du consommateur. L’un des décret y stipule clairement que :

les signalétiques et marquages pouvant induire une confusion sur la règle de tri ou d’apport du déchet issu du produit sont affectés d’une pénalité qui ne peut être inférieure au montant de la contribution financière nécessaire à la gestion des déchets.

Plus simplement, le Point Vert devrait rapidement disparaître de nos emballages. Et les professionnels qui s’obstineraient à le faire apparaître devraient payer une cotisation revue à la hausse. Les stocks fabriqués avant le 1er avril 2021 pourront toutefois être encore écoulés jusqu’au mois d’octobre 2022.

Un moyen de jouer davantage la carte de la clarté, sur des emballages écoconçus tournés vers la transparence et la responsabilité.

 

À vous désormais les alternatives zéro déchet ! Derrière Coca-Cola, qui travaille activement à la diminution du plastique dans ses bouteilles et la progression des matériaux recyclables, ce sont une multitude de marques qui s’engagent aujourd’hui.

Innovez, repensez vos recettes, tentez le dentifrice solide et les coton-tiges lavables ! Les emballages, moins nombreux et plus responsables, seront façonnés d’eux-mêmes par les préceptes de votre image de marque.

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